L’hodographe est un outil graphique qui aide les prévisionnistes à évaluer le cisaillement vertical du vent. Dans un environnement convectif, il est extrêmement important de comprendre le cisaillement vertical du vent afin d’anticiper le type de tempête convective, la possibilité que de nouvelles tempêtes telles que les supercellules se forment, leurs emplacements ainsi que le déplacement des tempêtes et des systèmes de tempêtes. Par exemple, ces figures illustrent les échos radar simulés pour une série de tempêtes modélisées qui ont évolué dans des conditions de cisaillement vertical du vent différentes. Ces conditions sont représentées par des hodographes idéalisés dans le coin inférieur gauche.
La capacité de prévoir les structures possibles de tempête est essentielle dans la gestion de vos activités, avant et pendant un événement convectif. En effet, le fait de savoir à quoi s’attendre pour un environnement de tempête donné, fera de vous un prévisionniste plus efficace et plus précis. L’hodographe illustre le cisaillement du vent dans l’environnement, celui-ci a une profonde influence sur l’évolution de la tempête. Par conséquent, un hodographe représentatif combiné à un profil de flottabilité représentatif peut considérablement améliorer l’exactitude des prévisions. Cette figure montre le sondage d’un modèle AFWA MM5, ainsi que l’hodographe associé, téléchargés à partir du site Web JAAWIN (Joint Army-Air Force Weather Information Network). Des représentations graphiques similaires de sondages et d’hodographes sont disponibles à partir de nombreuses sources.
Au terme du présent module, vous devriez comprendre comment les hodographes sont construits et comment ils peuvent vous aider à estimer le cisaillement total, le cisaillement moyen, et le vent moyen. Pour apprendre davantage sur le cisaillement et son influence sur le développement des tempêtes convectives, consultez le module complémentaire Principes de la convection III : Cisaillement et tempêtes convectives.
Les météorologistes connaissent bien le profil du vent vertical classique obtenu à partir d’un radiosondage qui utilise des barbules pour indiquer la direction et la vitesse du vent à différents niveaux. L’hodographe fournit les mêmes renseignements. Cependant, étant donné que son objectif principal est de montrer le cisaillement vertical du vent, l’hodographe s’appuie sur les vecteurs vent. Contrairement à une barbule, un vecteur indique la vitesse du vent par sa longueur et non par la combinaison de barbules.
Sur un hodographe, les vecteurs vent sont indiqués sur un graphique à coordonnées polaires. Les axes du graphique représentent les quatre points cardinaux. Tous les vecteurs vent s’étendent à partir du point d’origine et dans la direction du mouvement du vent. Étant donné que la longueur des vecteurs indique la vitesse, les cercles concentriques tracés autour du point d’origine représentent les vitesses constantes du vent. Par exemple, cet hodographe indique que les vents à 4 km et à 5 km sont tous les deux de 25 m/s, alors que leurs directions respectives sont ouest et ouest-nord-ouest.
En règle générale, les vecteurs vent réels ne sont pas tracés sur l’hodographe, mais seules leurs extrémités sont indiquées sur le graphique à coordonnées polaires. On trace l’hodographe en connectant les extrémités de chaque vecteur vent.
Le cisaillement vertical du vent est une description de la façon dont la vitesse du vent horizontal change en fonction de l’altitude. Le vent est une grandeur vectorielle; autrement dit, il comprend à la fois une vitesse et une direction. Par conséquent, nous pourrons déterminer le cisaillement vertical du vent en mesurant la différence vectorielle du vent horizontal à deux niveaux.
Le vecteur en résultant est appelé le vecteur de cisaillement vertical du vent. Nous décrivons ici le vecteur de cisaillement en mètres par seconde (m/s) ou en nÅ“uds sur la profondeur de la couche qu’il représente (par exemple, 25 m/s sur 6 km). Plus précisément, le cisaillement du vent est présenté sous la forme d’une unité de distance, pour laquelle l’ampleur du vecteur de cisaillement est divisée par la profondeur de la couche. Par conséquent, 25 m/s divisé par 6 000 m (6 km) correspond à une ampleur du cisaillement de 0,004 par seconde.
L’hodographe est parfaitement adapté pour l’affichage du cisaillement vertical du vent. À l’aide d’un graphique à coordonnées polaires, on indique le cisaillement en dessinant des vecteurs de cisaillement à partir des extrémités de chaque vecteur vent par ordre croissant d’altitude. Vous pouvez voir que les segments sur l’hodographe typique représentent en fait le cisaillement vertical du vent de chaque couche.
Si les vecteurs vent sur un hodographe représentent les vents à intervalles égaux (habituellement chaque kilomètre ou 500 m), les vecteurs de cisaillement sont équivalents en ce qui a trait à la profondeur qu’ils représentent. Leurs longueurs relatives indiquent donc la force relative du cisaillement du vent d’une couche à l’autre.
Le cisaillement vertical total du vent sur une certaine profondeur constitue un facteur important pour prévoir la structure et l’évolution de possibles tempêtes. Par conséquent, il est important de mesurer le cisaillement vertical total du vent d’une manière ou d’une autre.
Vous pouvez commencer par estimer la longueur de chaque vecteur de cisaillement. Pour ce faire, vous n’avez qu’à visuellement les comparer à l’échelle de l’un des axes. Par ailleurs, vous pouvez mesurer la longueur du vecteur et la comparer manuellement aux unités de l’échelle indiquées sur un axe.
L’estimation du cisaillement vertical total du vent s’effectue en combinant les longueurs de tous les vecteurs de cisaillement sur une certaine profondeur (la longueur nette de l’hodographe).
Dans cet exemple, le cisaillement total serait de 60 m/s sur 6 km (20 000 pi).
Parfois, il peut être difficile d’estimer visuellement la longueur de l’hodographe en raison d’une forme complexe. Dans de telles circonstances, le cisaillement total calculé par ordinateur peut être plus précis qu’une estimation visuelle.
Il est également important d’étudier de quelle manière le cisaillement du vent est réparti sur la profondeur de l’hodographe. Un hodographe qui présente un fort cisaillement dans les bas niveaux a des répercussions très différentes sur la structure de la tempête qu’un hodographe avec le même niveau de cisaillement total, mais peu de cisaillement dans les bas niveaux.
Le vecteur de cisaillement du vent moyen constitue un autre aspect important de l’environnement de la tempête qui est plus facile à percevoir sur un hodographe que par l’entremise d’autres données. Par exemple, la direction du vecteur de cisaillement moyen fournit des renseignements qui vous aident à prévoir le déplacement d’une supercellule.
Vous pouvez déterminer la direction du cisaillement du vent moyen (mais pas l’ampleur) simplement en traçant une ligne à partir du point qui indique le vent de surface jusqu’au point indiquant le vent à 6 km (20 000 pi). Encore une fois, nous utilisons la couche comprise entre 0 et 6 km comme étant la couche ayant le plus d’influence sur la tempête.
Le calcul du vecteur de cisaillement du vent moyen consiste simplement à calculer la moyenne des composantes x et y de chacun des vecteurs de cisaillement du vent dans chaque couche. Si nous examinons uniquement la direction du vecteur qui en résulte, et non son ampleur, nous pouvons ajouter les éléments x et y et représenter graphiquement la ligne en résultant, en se servant des vents de surface comme point d’origine du plan de référence x/y réorienté (x′). Le rapport x/y (direction) ne sera pas modifié en établissant la moyenne.
Sans établir la moyenne, la procédure est la même que l’exécution d’une addition des vecteurs de tous les vecteurs de cisaillement. C’est pour cette raison que nous pouvons toujours obtenir la direction du cisaillement du vent moyen en traçant une ligne à partir du premier tracé du vent et jusqu’au dernier pour la couche.
Le plan de référence réorienté (x′) indique que la direction du vecteur de cisaillement du vent moyen s’oriente vers le sud-est.
En plus de l’ampleur du cisaillement, la forme de l’hodographe est également importante pour prévoir la structure et l’évolution des tempêtes convectives. Le fait de savoir si l’hodographe est relativement droit ou courbé est d’une grande importance. S’il est courbé, son niveau de courbure et le fait de savoir s’il s’incurve dans le sens horaire ou antihoraire avec l’altitude sont importants. Ces variations ont toutes deux des répercussions sur la structure de la tempête.
Nous savons que le cisaillement vertical du vent est créé à la fois par des changements dans la vitesse du vent avec l’altitude (cisaillement de vitesse) et des changements dans la direction du vent avec l’altitude (cisaillement directionnel). Le type de cisaillement, toutefois, nous renseigne peu sur la forme de l’hodographe étant donné qu’il fait référence à la vitesse et à la direction du vent et non à son vecteur de cisaillement.
Il est vrai que le cisaillement de vitesse à lui seul entraîne un hodographe droit (cisaillement unidirectionnel), et que le cisaillement directionnel également seul entraîne un hodographe courbé (le vecteur de cisaillement tourne avec l’altitude), mais la combinaison des deux peut créer n’importe quel type de forme.
Il faut comparer les types de cisaillement et la forme de l’hodographe.
Tandis que les hodographes de forme similaire peuvent avoir une influence semblable sur l’évolution des tempêtes convectives, leurs répercussions sur les processus à plus grande échelle et le potentiel de convection peuvent différer considérablement.
Par exemple, les deux hodographes droits illustrés ici, pourraient vous mener à anticiper la division des supercellules si la convection se produisait. Toutefois, le cisaillement directionnel de l’hodographe A révèle un mouvement antihoraire jusqu’à une altitude moyenne, ce qui est le signe d’une advection d’air froid à grande échelle dans cette couche. L’hodographe B révèle des vents dans le sens horaire jusqu’à une altitude moyenne, ce qui indique une advection d’air chaud dans cette couche. Ces deux profils pourraient avoir des répercussions très différentes sur le potentiel de convection en fonction d’autres facteurs environnementaux. Par conséquent, il est très important de prendre en compte l’environnement à grande échelle lorsque vous analysez un hodographe.
Les exemples des pages précédentes devraient vous convaincre qu’il est difficile de visualiser la forme de l’hodographe en examinant les sondages. Pour cette raison, il est important d’utiliser un outil (comme un programme informatique tel que SHARP) pour créer un hodographe à votre place. Toutefois, il peut être utile d’être en mesure de produire rapidement ou de modifier un hodographe à la main. Ces exercices vous permettront de vous entraîner à cela.
Cliquez et dessinez sur l’emplacement de l’hodographe de chaque vent indiqué sur les sondages, dans l’ordre à partir de la surface jusqu’aux niveaux les plus élevés. Cliquez sur le bouton Terminé pour comparer vos résultats à la réponse corrigée.
Sélectionnez chacun des hodographes à tour de rôle pour mener à bien chaque partie de l’exercice.
Barbule pleine = 5 m/s, demi-barbule = 2,5 m/s
Outil : | Taille de l’outil : | Couleur : |
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Barbule pleine = 5 m/s, demi-barbule = 2,5 m/s
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Barbule pleine = 5 m/s, demi-barbule = 2,5 m/s
Outil : | Taille de l’outil : | Couleur : |
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Afin de prévoir l’évolution d’une tempête convective, il est important de prendre en considération à la fois l’environnement dans lequel la tempête évolue actuellement ainsi que celui vers lequel elle peut se déplacer. Par exemple, la nature du courant entrant de la tempête a des répercussions sur son évolution.
Afin de mieux comprendre cet élément de l’environnement de la tempête, vous devez tout d’abord déterminer ou estimer le déplacement prévu de la tempête sur l’hodographe, puis étudier les vents relatifs à celle-ci. Étant donné que la tempête se déplace dans son environnement, le vent qu’elle subit est souvent très différent des vents relatifs au sol mesurés par des sondages. Cette différence est évidente sur cet hodographe montrant le déplacement de la tempête.
Afin de déterminer les vents relatifs à la tempête, nous avons tout d’abord repositionné le plan de référence de sorte que le déplacement de la tempête soit nul. Ensuite, nous recalculons les vents de l’environnement à partir de ce point. Cela revient à soustraire le vecteur de déplacement de la tempête au niveau du sol au vecteur vent au niveau du sol à chaque altitude.
Afin d’étudier les vents relatifs à une tempête, vous devez tout d’abord déterminer le déplacement de la tempête. Pour les tempêtes existantes, on peut utiliser les boucles radar ou l’imagerie satellitaire. Mais pour prévoir le déplacement d’une tempête avant qu’elle se forme et avant que son déplacement soit apparent sur l’imagerie, vous allez devoir l’estimer.
On peut supposer, tout au moins aux premiers stades de la plupart des tempêtes convectives, que la tempête se déplace à une vitesse proche de celle du vent moyen se trouvant dans la profondeur de la tempête. Étant donné que la modélisation et les observations laissent entendre que le déplacement de la tempête est plus sensible aux vents à basse altitude, nous avons calculé le vent moyen au moyen d’une profondeur de 6 km (20 000 pi) au-dessus du niveau du sol. Le déplacement d’une supercellule s’écartera du vent moyen, mais ce sujet est traité dans un autre module.
Plusieurs progiciels (comme SHARP) calculent automatiquement le vent moyen, mais il est utile de comprendre de quelle façon cette opération est effectuée.
Lorsque l’hodographe est relativement droit, la règle du pouce pour estimer le vent moyen et le déplacement de la tempête est simple. Cela correspond environ au point central de l’hodographe de 0 à 6 km au-dessus du niveau du sol. Déterminer les vents relatifs à la tempête pour chaque altitude consiste alors à réorienter les axes (xs-ys) de manière à ce que le déplacement de la tempête soit nul. On détermine le vent relatif à la tempête à une altitude donnée, en dessinant un vecteur à partir de ce nouveau point d’origine jusqu’aux vents à cette altitude.
Pour être plus précis, on devra pondérer la pression des vents dans les bas niveaux. En raison de leur densité, ils contribueront davantage au déplacement de la tempête. Mais cela n’apporte qu’une légère modification à la véritable moyenne. De plus, nous tenons compte d’une bonne partie de l’anomalie en utilisant seulement les vents entre 0 et 6 km.
Lorsque l’hodographe s’incurve, l’estimation devient un peu plus compliquée. Nous devons examiner de plus près la façon dont le vent moyen est réellement calculé avant de pouvoir utiliser une règle empirique.
Chaque vecteur vent peut être décrit en présentant ses composantes u et v distinctes. Cette illustration montre une répartition des composantes du vent sur 3 km (10 000 pi).
Pour calculer le vent moyen, nous calculons séparément la moyenne des composantes u et v du vent moyen à toutes les altitudes. Nous additionnons ensuite les vecteurs moyens u et v. Dans la pratique, il ne s’agit pas d’un calcul rapide. Heureusement, l’hodographe vous permet de faire une approximation visuelle.
Pour illustrer la façon dont nous estimons le vent moyen à l’aide d’un hodographe, revenons à notre exemple d’hodographe courbé. Tout d’abord, vous pouvez constater que chaque point de l’hodographe possède des composantes u et v. Pour estimer la moyenne de la composante u, nous calculons simplement la moyenne des vents de la surface et à 6 km (20 000 pi). Cela suppose un espacement relativement égal des vents le long de l’hodographe, mais cela est adéquat pour obtenir une estimation approximative. Ensuite, nous estimons la moyenne des composantes v des vents à toutes les altitudes. En ajoutant les vecteurs u et v moyens, nous parvenons à une bonne estimation du vent moyen.
Cette technique fonctionne pour les hodographes se trouvant dans n’importe quelle orientation, mais vous devez en premier lieu réorienter le plan de référence x-y. Commencez par déplacer le point d’origine au niveau du point qui représente le vent de surface. Puis effectuez une rotation des axes x′-y′ de manière à ce que l’axe x′ coupe le vent de 6 km (20 000 pi). Estimez maintenant le vent moyen comme précédemment.
Lorsque l’hodographe présente une combinaison complexe de plusieurs courbes, cette stratégie peut vous aider à estimer le vent moyen, comme le montrent ces exemples. Il sera un peu plus compliqué de réaliser une bonne estimation de la moyenne de la composante v lorsque les courbes ne sont pas symétriques.
Quel vecteur représente le mieux la direction (et non l’ampleur) des vents relatifs à la tempête? Supposons que la tempête se déplace avec le vent moyen. (Choisissez la meilleure réponse.)
La bonne réponse est la réponse b).
Examinez le diagramme pour voir de quelle manière nous déterminons le vent moyen au niveau du point central de l’hodographe droit de 0 à 6 km, puis nous réorientons le plan de référence x-y (xs-ys) pour représenter graphiquement le vent relatif à la tempête.
Quel vecteur représente le mieux la direction (et non l’ampleur) des vents relatifs à la tempête? Supposons que la tempête se déplace avec le vent moyen. (Choisissez la meilleure réponse.)
La bonne réponse est la réponse c).
Examinez le diagramme pour voir de quelle manière nous déterminons le vent moyen au niveau du point central de l’hodographe droit de 0 à 6 km, puis nous réorientons le plan de référence x-y (xs-ys) pour représenter graphiquement le vent relatif à la tempête.
Quel vecteur représente le mieux la direction (et non l’ampleur) des vents relatifs à la tempête? Supposons que la tempête se déplace avec le vent moyen. (Choisissez la meilleure réponse.)
La bonne réponse est la réponse c).
Examinez le diagramme pour voir de quelle manière nous déterminons le vent moyen au niveau du point central de l’hodographe droit de 0 à 6 km, puis nous réorientons le plan de référence x-y (xs-ys) pour représenter graphiquement le vent relatif à la tempête.
Dans ce module, nous avons appris comment calculer plusieurs paramètres différents du cisaillement et nous avons commencé à percevoir la façon dont ces paramètres sont appliqués. Pour en apprendre davantage sur l’importance et l’incidence du cisaillement sur les tempêtes convectives, consultez le module Principes de la convection III : Cisaillement et tempêtes convectives.
The COMET® Program est parrainé par le National Weather Service (NWS) de la NOAA, et reçoit un financement supplémentaire de la part des entités suivantes: